Chaque année, dès que mai s’installe, les tondeuses se remettent à rugir.
Un ballet sonore de moteurs, de gazoline, de bruits mécaniques qui viennent raser au sol ce que la terre s’apprêtait à offrir.
Pourquoi? Parce qu’on veut un gazon parfait. Uniforme. Propre. Contrôlé.
Mais à quel prix?
Le gazon parfait est une illusion
Ce vert lisse, sans fleurs, sans vie apparente, est une invention. Une image de contrôle. Un idéal esthétique promu depuis des décennies par une société obsédée par l’apparence.
Mais ce gazon parfait est stérile. Il ne nourrit personne. Il ne protège rien. Il n’offre aucun abri.
C’est un désert vert.
Mai sans tondeuse : un acte de résistance douce
Ne pas tondre en mai, c’est résister à cette idée que tout doit être maîtrisé. C’est offrir aux pollinisateurs une chance de se nourrir.
Les pissenlits? Incompris. Premiers alliés des abeilles.
Les trèfles? Bannis à tort. Petits miracles à fleurs blanches.
En ne tondant pas, tu permets à la nature de jouer son rôle. Tu accueilles la biodiversité. Tu soutiens la chaîne du vivant. Tu redonnes à la terre une chance de respirer.
Et tu redonnes aussi à ton regard une chance de s’émerveiller.
Revenir à la réalité
La vraie nature n’est pas bien coupée, bien taillée, bien cadrée. Elle est foisonnante. Vivante. En désordre apparent, mais en équilibre profond.
Ce qu’on appelle “mauvaises herbes” sont souvent les premières fleurs. Les premières nourritures. Les premières cachettes pour les insectes, les oiseaux, les petits mammifères.
En les supprimant, on abîme sans le savoir.
Moins d’entretien. Plus de sens.
Et si ne pas tondre en mai, c’était plus qu’un geste écologique?
Et si c’était une invitation à ralentir, à faire moins, à observer plus?
À cesser de tout vouloir contrôler.
Ce n’est pas paresseux.
C’est intelligent.
C’est aligné.
C’est un petit pas vers un monde plus sain.
Un monde qui accepte l’imparfait. L’indompté. Le vivant.
